C.O.D.A.
Child of Deaf Adults
Vernissage jeudi 5 septembre 2024 de 18h à 22h - Exposition 5 septembre - 19 octobre 2024 - Prolongation jusqu’au 30 octobre
La galerie S. est heureuse de présenter l’exposition personnelle d’Arthur Gillet intitulée « C.O.D.A. » (Child of Deaf Adults), dont le vernissage se tiendra le jeudi 5 septembre 2024, coïncidant avec les Jeux paralympiques à Paris, desquels les personnes sourdes et malentendantes restent exclues.
Cette exposition inédite réunit des installations, des peintures sur bois et sur soie – parfois rétroéclairées – qui, à travers l’histoire personnelle de la famille de l’artiste, dévoilent l’histoire contemporaine souvent méconnue des sourds. Surtout, elle offre un témoignage rare : celui d’un enfant entendant né dans une famille sourde en France dans les années 1980.
L’exposition prolonge celle de mars 2024, présentée dans les vitrines de l’Institut Français de Berlin, où Arthur Gillet a dévoilé une fresque de vingt-cinq mètres intitulée « Tout ce dont vous n’avez jamais entendu parler », qualifiée de « manifeste visuel » par la commissaire Lisa Colin, qui y voit un « témoignage poignant d’une lutte pour l’inclusion et la reconnaissance culturelle ».
Pour « C.O.D.A. », Arthur Gillet diversifie les approches narratives et formelles tout en conservant le cœur de son message : « Être sourd ou CODA avant 2005 signifiait ne pas avoir de langue maternelle. »
En 1880, le congrès de Milan imposa en effet la méthode oraliste, réduisant la langue des signes au silence jusqu’en 1991. Les langues des signes ne furent progressivement reconnues comme langues officielles en Europe qu’à partir des années 2000 (en France, en 2005). L’oralisme a conduit à un taux alarmant d’illettrisme chez les personnes sourdes. Et certaines techniques médicales inadaptées et douloureuses (appareillages cochléaire, trépanations) ont alimenté le stigma. La mère d’Arthur, diplômée en Arts Ménagers en 1971, le seul diplôme accessible aux femmes sourdes à l’époque, n’apprit la langue des signes que lorsqu’elle quitta l’école à 17 ans. Elle rejoindra ensuite le Réveil Sourd dans les années 80, un mouvement militant pour une éducation bilingue des enfants sourds, né dans un contexte de luttes féministes, antiracistes, LGBTQ et décoloniales.
Les œuvres d’Arthur Gillet réinterprètent les codes de l’iconographie religieuse, inspirée par les enluminures de Cristoforo de Predis, artiste sourd du Moyen Âge italien. La flèche traverse ici l’oreille de sa mère, symbolisant sa surdité ; les anges se transforment en écrans, le clocher devient une tour de télécommunications, et les rayons sacrés en ondes radio.
Cette réinvention, à la fois critique de la prédominance de l’Église dans l’éducation des enfants sourds et hommage aux avancées technologiques telles que le minitel et Internet, met en lumière le rôle crucial de ces dernières dans l’émancipation des sourds et des CODAs, dont Arthur, qui quitta le domicile familial à 17 ans en plein boum numérique.








