Je m’ennuie de mon sexe


Esther Baron

27 février - 29 février 2024 - Vernissage mardi 27 février 2024 de 18h à 22h

La galerie S. est heureuse d’accueillir sa première exposition Capsule signée par Esther Baron, “Je m’ennuie de mon sexe”. Ces capsules mettront en avant des artistes émergents issu.es de la scène émergente française.

Nature morte, nom féminin

« Terme qui désigne la représentation peinte d'objets, de fleurs, de fruits, de légumes, de gibier ou de poissons. Quand la juxtaposition de certains motifs évoque la vanité des choses de ce monde, il s'agit d'un genre particulier de nature morte : la vanité. »

Larousse, Dictionnaire de la peinture.

Souvent considéré comme le parent pauvre des Beaux-Arts - contrairement à des exercices réputés plus nobles tels que le portrait ou la peinture d’histoire - la nature morte est un genre minutieux que l’on a volontiers dans les académies de peinture, laissé aux artistes femmes… Un exercice désuet ou éculé me direz-vous ? Il s’agit pourtant d’un genre qui suspend le temps : il témoigne, pour paraphraser Roland Barthes, de ce qui « a été » : le reflet d’une époque, de ses mœurs, une archéologie du vécu.

Dans son essai « Pour en finir avec la nature morte », Laurence Bertrand Dorléac cherche à montrer à quel point ce genre, centré sur les objets, ne repose pas tant sur des choses mortes que sur le rapport vivant entre les regardeurs et les « choses » du monde. Il s’agit donc de représenter les « zones de tensions entre la vie et la mort, le plaisir et la douleur ».

« Une zone de tension entre la vie et la mort » : peut-on rêver meilleure définition du sexe ? C’est le pari d’Esther Baron. Photographe française émergente ayant fait ses armes dans l’impitoyable univers de la mode et la publicité, Esther n’est pas étrangère aux pages de placement de produits qui constituent nos vanités contemporaines : ou comment lutter contre la mort avec la dernière crème au collagène.

Armée d’une petite collection de préservatifs, elle met en scène, congèle, agrège, accumule devant son objectif des tableaux pop inanimés qui relatent, entre humour grinçant et couleurs acidulées, les histoires de sexe de notre époque. Du fantasme du prof de tennis, à une évocation du homard de Dali, tout y passe. Une fiction par image. Comme de petites nouvelles érotiques, joignant l’image aux mots, témoignages de la vie ordinaire.