I See Darkness
Vernissage vendredi 8 novembre 2024 de 18h à 22h — Exposition 8 novembre — 21 décembre 2024
La galerie S. est heureuse de présenter l’exposition personnelle d’Ester Vonplon intitulée « I See Darkness », qui réunit pour la première fois en France des œuvres inédites issues des séries « I See Darkness » et « Flügelschlag ». Ces œuvres seront également présentées sur le stand de la galerie S. dans le secteur Émergence de la foire Paris Photo.
Pour « I See Darkness », dans l’obscurité du tunnel désaffecté d’Acla, Ester Vonplon utilise la lumière disponible, à peine perceptible à l’œil nu, pour réaliser des photographies sur papier sensible. C’est après l’annonce du confinement en mars 2020 que l’artiste commence à s’intéresser de près à ce tunnel, aujourd’hui classé réserve naturelle, puis y installe son atelier. Le papier est développé pendant des jours et des semaines dans l’obscurité, l’humidité et le froid. En utilisant ce lieu isolé pour créer et expérimenter avec le temps, la chimie et les circonstances, Vonplon fait de ce tunnel une sorte de chambre noire géante dans laquelle elle capture l’invisible.
« Flügelschlag » est l’herbier d’Ester Vonplon : une collection de feuilles, fleurs et tiges sauvées de l’éphémère. Chacune de ces plantes a été exposée au soleil sur du papier photosensible, afin que leur empreinte y soit déposée. Aucun appareil photographique n’a été utilisé. En grand format, les œuvres acquièrent une forte présence iconique ; en petit format, elles affirment leur fragilité.
Le dessin photogénique est né avec l’invention de la photographie. Mis au point en Angleterre par William Henry Fox Talbot dès 1834, il devient le premier procédé photographique permettant l’obtention d’images négatives sur papier. Les premiers dessins photogéniques sont obtenus par contact direct avec l’objet plat à reproduire (végétaux, tissus, dessins, etc.), selon le principe du photogramme. Les botanistes furent parmi les premiers à adopter ce procédé, car la photographie, dès ses débuts, promettait une reproduction minutieuse des formes détaillées. L’Anglaise Anna Atkins, botaniste amatrice, aquarelliste et lithographe accomplie, fut une pionnière de la photographie. Son ouvrage « British Algae : Cyanotype Impressions » est aujourd’hui considéré comme le premier livre de photographies de l’histoire (1843), publié quelques mois avant celui de William Henry Fox Talbot, l’inventeur du négatif sur papier à l’origine de la photographie. L’ouvrage d’Atkins comporte plus de 400 planches, toutes exécutées sur papier sensibilisé aux sels de fer, qui donnent une couleur bleue intense à son herbier. Ses photogrammes, réalisés par cyanotype, l’un des plus anciens procédés monochromes non argentiques, font d’Atkins la première femme photographe de l’histoire. Le travail de Vonplon semble directement s’inscrire dans cet héritage. On retrouve chez elle le même émerveillement face à la magie de la photographie et à son pouvoir de reproduction de la nature.
Ester Vonplon crée ses photogrammes avec du papier photographique datant de 1907 trouvé par un de ses voisins et qui lui en fera cadeau. Ses images prennent alors une forme inattendue en raison du processus de vieillissement. À la lumière du soleil, le papier photosensible, conservé dans l’obscurité pendant plus de cent ans, change de couleur en quelques heures. Les plantes laissent des ombres floues, car elles ont bougé sur le papier au gré du vent. Les images révélées par l’exposition directe sur le papier photographique sont évanescentes : l’impression semble fragile au point de risquer dedisparaître. Pour Vonplon, la photographie est une expérimentation et un outil poétique. L’empreinte, la trace, la silhouette intéressent l’artiste plus que la précision photographique. Dans Flügelschlag (Battement d’aile, 2018-2020), la nature se révèle dans toute sa vulnérabilité.
Deux cents ans après l’invention de la photographie, l’artiste suisse, ancienne snowboardeuse professionnelle, revient aux origines du médium et se réapproprie des techniques anciennes, remettant en question les paramètres établis des procédés photographiques. Elle s’affranchit de la lumière, du temps, des appareils ou de la surface plane dite photographique.
La matière photographique devient une évocation topographique de la nature : rugueuse et astringente, acidulée et fluide.
Ester Vonplon réinvente un rapport au monde qui bouscule les préjugés, les conventions et les règles qui définissent la «photographie» et nous invite à un retour à la nature.










